Et pendant ce temps-là au boulot...

Presque 5 mois à prendre des appels. Ces derniers temps, je faisais aussi des missions comme assistant-plateau, pour les recrues. Mais le plus souvent, je continue de prendre des appels. D'ailleurs, je peux me la péter un peu en affirmant que je fais mon petit taulier dans mon périmètre de job. Certains "jeunes" m'appellent parfois à la rescousse pendant je suis en attente d'appels. Et ce que je leur dis, est parole d'évangile. Ils discutent jamais ma solution.

Je dois reconnaître ce job est un bon filet de sécurité. Pas seulement pour le fric. Mais aussi pour ne pas partir en sucette. Ces derniers temps, je fume pas mal. Il y a eu les deux semaines avec le Papillon, idyllique et auto-destructeur. Et puis elle est partie, et j'ai tenu 2 jours. Alors bien sur, au boulot, je n'aurais qu'à me baisser pour chopper - peu de mâles + le statut de taulier - mais la vérité, c'est que le Papillon vole encore dans ma tête. Son départ fut un poison brutal, à effet retard, je n'arrive pas trop à me défaire de son souvenir.
On a peu discuté, sur msn, et c'était bien... même un peu trash. Mais d'amour, de liens, pas un mot. Sauf une fois, de sa part, un petit coeur rapide... je ne me remets pas de cette forme d'amour. A la fois sincère et sans attache formelle. Juste les sensations, au gouvernail. Ca me troue le cul de l'âme...
Mais je suis sûr que Papillon ne se pose plus ce genre de questions. Elle est là-bas pour se détruire quelques années, avant de trouver le sens qu'elle veut donner à sa vie. J'ai un peu d'avance sur elle...

Heureusement, comme pour adoucir le deuil de ma mère, les heures où je m'oublie au taf, cerné par des filles aux grands yeux de biches ou de chat, m'aident à aplanir son souvenir, et aller de l'avant.
A ce stade je réalise, que j'ai du causer avec plus de 4400 personnes. Même si le boulot n'est pas épanouissant, il doit forcément forger certaines qualités. 4400... et pas une seule insulte au casque. Pas mal.
Et ca donne un bon aperçu du rapport des gens avec leur mobile chéri. Chez beaucoup, ça tient presque de l'organique. Sans mon portable, je suis mort. Avec le temps, on sait d'avance si on va tuer sa prod avec tel ou tel client. Pour ça les blacks sont champions, ils posent des tas de questions, font répéter encore et encore, ils discutent. Misère.
Les feujs, comme moi, sont généralement détestables. Plus précisemment, les Séfarades parisiens. Arrogants, capricieux, et parlant vite. Mais dès que je dis mon nom de famille, ils savent aussitôt que je suis de la même tribu. On passe sur un autre mode, ils finissent par savoir que je fais la maximum, et ça termine bien. J'ai même à ce sujet une discussion bizarre.
Un gars m'appelle, je dis mon nom. Je crois qu'il voulait des points de fidélité pour changer son mobile. Action quasi-impossible pour moi. Alors là, il me sort en douceur :

- Monsieur Galien... je crois que vous êtes de la même religion que ma copine...
- Oui, je ne sais pas...
- Elle porte le même nom que vous, vous voyez ce que je veux dire...
- Oui... et alors ?
- Et bien, elle est a réussi à obtenir des points de fidélité...

Je me souviens plus exactement de la suite, mais ça m'a estomaqué.

Paradoxalement, je n'ai jamais été autant valorisé professionnellement dans aucun autre boulot. Avant, j'étais moyen. Là, j'ai beaucoup de retours positifs. Clients et hiérarchie compris. Ca fait du bien.
Mais la chose qui m'ennuie le plus ces derniers temps, c'est que ça commence à faire long le temps où je ressemble à un Mickey avec mon casque sur les oreilles !