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Journal, très long j'espère, d'un sdf de moins.
6 mars 2008

Le ver et l'oiseau

L'autre nuit, j'ai rêvé de meurtre.
La veille au soir, j'ai eu une violente dispute avec mon père. Je ne sais plus pourquoi. Je crois que c'était une histoire de miettes qu'il jette par terre avec désinvolture, pendant que je fais la bonniche (et l'assistant social, le curateur, le trésorier etc...). Bref, choc des générations, bataille de territoire, simple désir de respect, j'avais envie de le frapper.
J'ai donc rêvé de meurtre. Ca se passait dans les allées de mon immeuble d'enfance, quand on formait encore une famille unie. Il y avait posé sur le petit chemin, une espèce de grand saladier transparent, à l'intérieur duquel on voyait grouiller de longs vers tous roses. Parmi eux, il y en avait un qui était particulièrement gros. Mon père est gros.
Il y avait aussi des moineaux, qui se régalaient de ces vers. Et puis il y avait un gros moineau, qui attaquait le gros ver. Avec son bec, il finit par transpercer le rampant impuissant. Il le pique, il le saigne, et la plaie devient si béante que l'oiseau finit même par entrer la moitié de son corps dans la chair meurtrie du ver.
Quand l'oiseau ressort, il a un regard de rapace, et son plumage est tout ensanglanté. L'oiseau a gagné. Et il a quelque chose de mauvais, et de dangereux.

Easy à interpréter : le ver est à la fois la racine et le dévoreur. Et l'oiseau, lui, liberté absolue. Trop de clichés. Il y a du Freud dans l'air bien sur. Tuer le père pour exister, on est en plein dedans. Toute ma vie personnelle, tous mes projets sont en suspens tant que je n'aurais pas réglé SES affaires. Il m'étouffe et m'écrase de ces 100 kg, il m'impose la grande faiblesse de son âge, il me fait pitié comme il me met colère si facilement. Il fait ressortir en moi le mauvais, le méchant, et le dévoué. Tout ce que je fais pour lui est exécuté par humanité, devoir filial, et à contre-coeur.
J'ai envie qu'il meurt parce qu'une partie de moi en fait le responsable partiel de la mort de ma mère chérie. J'ai envie qu'il meurt parce qu'il aurait du mourir avant elle.
J'ai envie qu'il meurt pour qu'elle ne soit plus seule au cimetierre.
J'ai envie qu'il meurt, parce que lui-même en a marre de sa vie.

Et en même temps, je ne peux rester bras croisés devant son naufrage, il me donne envie de le secourir.
Je suis partagé entre mes émotions, mes rancunes, mes principes, et l'imprégnation de l'histoire familiale : j'ai toujours vu ce père comme un battant, et un soutien de famille herculéen. J'ai grandi avec ça, presque tous les jours jusqu'à mes 15 ans. Je ne pensais pas que ça me marquerait à ce point-là. Donc, je fais ce que j'ai à faire, sans aucune générosité d'âme. Je lui donne mon lit et je dors par terre sur un matelas gonflable, et je règle toutes, toutes, toutes ses affaires pour son installation à Toulouse. Question de respect, point barre.

Tout cela n'est pas grave. C'est chiant, mais ce n'est pas grave. Encore 2 semaines, et il aura son propre appartement... pas très très loin du mien... (sic).

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