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Journal, très long j'espère, d'un sdf de moins.
7 mars 2008

Saturnien dans ta gueule

Il y a une question, lancinante, qui me revient souvent à l'esprit : comment les gens se font des amis ?
Comment en viennent-ils à échanger leur numéros de téléphone ? A planifier des sorties, ou des fêtes le week-end ? Cela m'échappe totalement.
J'observe un peu le phénomène dans ma boite, où les nouveaux embauchés sont nombreux. Et je vois se former des groupes, qui vont fumer, manger ensemble, voire même se voir hors du boulot. J'en vois même qui, mutés d'un bâtiment à un autre, s'agglomèrent dans de nouveaux groupes.
Fascinant.

Aujourd'hui, j'essaie de comprendre un phénomène, autrefois naturel. Car une chose est claire : depuis la fin de l'adolescence, je ne me fais plus d'amis. Je suis maintenant habitué à ne pas intéresser grand'monde, à ne pas exister vraiment aux yeux des autres. Toute ma vie professionnelle fut ainsi un désert amical : que ce soit en tant que pion, webmaster, commercial, infirmier ou aujourd'hui chargé de clientèle, à de rares exceptions près, je n'ai pas eu de vie sociale une fois que j'ai fait sonner la pointeuse.
Heureusement que je sais meubler ma solitude, que je bouillonne d'activités et de projets solitaires, autrement il y a longtemps que je me serais pendu.

Certes, il y a eut des périodes où j'étais vraiment autiste. Mais aujourd'hui, alors que je suis propre, ouvert, plutôt marrant et détendu au boulot, que je converse facilement, où que je fasse le con, que je vienne en aide à des collègues bloqués sur un dossier, au final c'est la même chose : c'est bonjour-au-revoir, et à demain au boulot.

Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai les boules ou que ça me fait mal, ce n'est pas vrai. Au fond, sortir pour sortir ne m'intéresse pas trop. A la fin, je considère même ça comme une perte de temps. Mais j'aimerais bien me situer entre le "trop" et le "jamais", afin de nourrir un tant soit-peu mon instinct grégaire. Ne serait-ce qu'au cinéma, où je vois finalement très peu de gens seuls assister à la séance. J'imagine que certains d'entre eux doivent me trouver pathétique.

Alors pourquoi cet isolement me colle-t-il à la peau, que je sois dépressif ou sociable ? Je veux dire, tous ceux qui se font des amis, ne se rencontrent pas nécessairement au boulot, dans un club de sport ou de bridge, non ? Comment ça marche ?

Peut-être que c'est Nadira qui a la réponse. Nadira, elle a 30 ans, elle a un très très beau visage, un beau sourire qui fait presque peur, un accent charmant, et elle est célibataire. Certes, elle a des kilos en trop, mais je lui trouve un tel charme que je passe au-dessus de ça. Je la fais rire, dès fois même on parle un peu de nos vies, on s'entend plutôt bien même si nous ne sommes pas proches. J'estime mes chances de la séduire à 2% maximum.
Nadira m'a dit une fois, sur l'impression qui se dégage de moi que j'ai l'air d'être dans un autre monde.
C'est peut-être ça la clé. Les autres me trouvent sympatoche, mais... "il n'est pas comme nous, il est dans un autre monde, donc basta".
Or s'il y a bien un facteur crucial dans la naissance des amitiés, ce sont les affinités. Ou le charisme, puisqu'il est clair que certaines personnes en attirent d'autres comme des aimants.

C'est peut-être aussi mon côté saturnien, mon côté fermé qui m'entoure comme un halo, quelque soit mon degré d'ouverture à l'autre.
Finalement, l'amitié, ça doit être comme l'amour : l'importance des mots dans la relation ne doit pas excéder 7%, le langage corporel remportant la part belle.

Je crois que rien ne viendra à bout de cette prison invisible. Je suis né comme ça. Différent, plus différent que les autres, avec ce que ça comporte de bien et de pesant.
Rien ne viendra à bout de ça. Sauf si bien sur je devenais riche ou célêbre. Je suis sûr que là, d'un seul coup, j'aurais plein de nouveaux "amis"...

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