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Journal, très long j'espère, d'un sdf de moins.
24 mars 2008

Pater familiae

Aujourd'hui, mon père a débarqué chez moi sans prévenir.
J'étais sur le point de me faire un joint.
Il avait encore les doubles de clés.
Il m'a ramené ma sacoche et mon portable, oubliés chez lui la veille. Et dehors, c'est grand froid.
Putain, il me rend dingue.

C'est un monstre de générosité. Il te donne tout, en échange de ta vie entière. Il a l'esprit de tribu : la famille doit vivre ensemble, toutes générations confondues. Et il se retrouve seul. Tragique.

En même temps, bizarrement, j'ai l'impression que c'est maintenant que je peux apprendre énormément de lui. En apprendre sur moi-même, aussi. J'ai encore cette phrase de Marie en tête : tu ne sais pas donner.

L'autre fois, je disais à Cédric, que c'est mon épreuve de moralité qui me tombe dessus. Le prix de tous ceux qui ont eu la chance de ne pas naître orphelins.

J'ai conscience que mon pater est un personnage un peu hors-normes, un peu taureau dans l'âme. Il faut le gérer, lui et ses excès. J'ai commis deux fois l'erreur de l'humilier devant des tiers, pour des conneries qu'il enchaîne. La prochaine fois, je ne lui parlerai qu'en hébreu. Comme avec l'assistante sociale.

La mort de maman l'a fait vieillir d'un seul coup. Pas extérieurement. Mais mentalement, il plonge. Le monde lui semble flou, mouvant, insaisissable. Et pourtant, il a encore le don terrible d'arracher de grands sourires à tous ceux à qui il s'adresse. Il sourient du personnage, tellement nature qu'il est.
Là, j'apprends.

Ce soir, mon père s'est barré sans me regarder, avec le gros dos courbé de son ciré jaune-"chuis-là".
Juste après m'avoir avoué que dans mon esprit, j'croyais qu'on allais vivre ensemble.
J'ai du recadrer les choses.   
Alors, il est parti, il s'est presque enfui. Dans le froid. Çà me gonfle de passer pour le méchant dans cette histoire.

Un peu avant, j'ai dû lui reprendre les doubles de clés. T'as pas honte de prendre les clés à ton père, dis ?
Non, j'ai pas honte (enfin, si, un petit peu quand même, mais bon, pas tant que ça non plus). 

Une demi-heure et le pet passe, je le rappelle. Il attendait toujours à l'arrêt de bus, sous la pluie. Le bus arrive une minute plus tard, quoique je dise il répète toutes les trois secondes, oui, oui, oui, oui, oui...
Faut vraiment qu'on aille faire un billard, lui et moi.

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