Vivement 2010

J'ai obtenu un congé sans soldes de 2 mois. Dimanche, je (re)pars à Rouen. Qui l'eût cru ?

J'ai dit à mon père, en hébreu : Je reste avec toi jusqu'à ce que tu ailles mieux ou que tu meures. Parce que si tu veux mourir, tu mourras à la maison. Pas à l'hôpital.

Au début, il était malade à l'hôpital. Maintenant, il est malade de l'hôpital.

Et je dois le sortir de ce piège qui l'engouffre.

Je ravale ma rage initiale. J'essaie d'inscrire cet évènement dans mon propre chemin de vie. Et les questions se bousculent dans ma tête. Qu'est-ce qu'un être humain ? De quoi sa vie a-t-elle besoin ? Est-ce qu'on peut vraiment encore "grandir" alors qu'on bascule lentement vers le versant de la mort ?
Il n'y a rien de généreux dans ma décision. Je le pense vraiment. C'est surtout un acte moral. Je suis un animal moral. Nous sommes une espèce qui ne peut survivre que dans l'entraide. Le contrat, c'est : je te torche quand t'es petit, tu me torches quand je serais vieux. Comme ça, on vivra tous longtemps. Avantage mutuel. C'est écrit dans mes gênes.

Et puis, je me dis que les épreuves, et même les "séries" d'épreuves sont parti prenantes de l'existence. Une vie sans épreuves, c'est une vie sans dépassement de soi. Mais j'admets qu'interrompre ma "construction" matérielle, pour une construction "morale", m'a bien foutu les glandes au début...

A moins que cette stupide rationalisation cache une vérité plus simple : Se dévouer pour éviter un écrasant sentiment de culpabilité.

Je ne partirai pas au chômage technique. J'ai heureusement des tonnes de travaux à réaliser uniquement sur ordinateur. Un miracle, ce PC. J'espère avancer dans mes projets et la remission du padre...

Avec les années, je me rends compte que certains "bouleversements" de ma vie, mineurs ou majeurs, surviennent peu ou prou à des dates faciles à se rappeler. Dépucelé à 11 jours de 19eme anniversaire. Embrassé Sophie à mon 24eme anniversaire. Septembre 2001, au pic de ma dépression nerveuse. Maman est morte 2 jours avant 60 ans. Je remets la blouse d'infirmier début 2009.

Si tout va bien, 2010 devrait être mon année. Ma maison 10, celle de la maturité, est dominée par Jupiter. Et je suis né... à 10h10. Un 26 février (26+2=10). On se console comme on peut...