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Journal, très long j'espère, d'un sdf de moins.
4 février 2008

Le petit manège tout gris

Dans 3 jours, ça fera 5 mois. C'est drôle, y a des jours où je me dis que la douleur prend le large, et que je suis sur la bonne voie. Et puis, je ne sais pas pourquoi, ça revient. L'absence toujours, et des images inoubliables. Depuis hier, c'est toujours la même qui martèle en tête : ma mère en fauteuil roulant, amaigrie, lunettes noires, incapable de marcher par manque d'oxygène, que je dois monter en salle de chimio chaque vendredi. Humiliant. Je me sentais humilié pour elle. Cette déchéance est une chose si tragique, et même maintenant, cette pensée m'est insoutenable... La pauvre. Même moi, je croyais que ça pouvait peut-être servir à quelque chose de lui envoyer du napalm dans le sang. Elle détestait aller là-bas. Et moi, je lui faisais la morale. Je disais que c'était pour son bien. Je lui ait même dit une fois qu'elle mourrait si elle décidait de ne plus y aller. Bravo Mike, très fort. Chapeau, petit con, que personne ne vienne me dire que l'espoir fait vivre... Aujourd'hui, alors que j'ai perdu l'être le plus cher au monde, j'ai l'impression de marcher dans un tunnel faiblement éclairé. Un tunnel où je suis seul avec mes démons de 2007. Il ne se passe rien dans ce tunnel. De nouveau, j'ai l'impression de faire le vide autour de moi. J'ai promis sur sa tombe que j'essaierais chaque jour d'être heureux, mais les faux-semblants s'écaillent les uns après les autres. Je ne fume plus, je ne bois pas, je ne baise pas, je n'ai pas d'amis ici, je ne fais pas (encore) de sport, je ne sors pas en boite, ni au bar, je loupe toutes les soirées jeux, et quand je vais au cinéma pour m'évader, il y a toujours un, ou plusieurs moments où, dans l'obscurité, je pense à elle. Parfois, quand je suis chez moi, j'ai hâte de retourner au boulot - histoire sûrement de briser le silence de mon existence - mais quand je suis au boulot, j'ai hâte de rentrer chez moi. Je n'ai que trois obsessions en ce moment : voir les travaux de mon appart s'achever pour enfin le meubler à ma guise, faire de l'infographie et - c'est lié - réaliser l'affiche de cinéma de mon scénario, afin d'envoyer le tout à J.P. Je sens que je redeviens asocial. Les gens de mon boulot ne m'interessent pas (trop jeunes), et ça semble réciproque. Et puis, je n'ai pas envie de draguer. Ces derniers mois, les femmes m'ont énormément déçu. Où que je regarde, je les trouve volatiles, superficielles, matérialistes, lunatiques, terre-à-terre, et parfois garces, ou trop tranchantes. Et puis l'idée de me perdre dans les bras de quelqu'un me fait culpabiliser d'avance. Oh bien sur, si je fais une belle rencontre, je ne pense pas que je reculerais, mais je n'ai vraiment, mais vraiment pas envie de rentrer dans le jeu de la séduction. La séduction, c'est la vie, et la vie, c'est pas trop le truc qui m'habite en ce moment. J'aimerais pouvoir m'évader, m'enfuir, rebondir plus haut. Je me sens pris entre la morne aliénation rassurante du boulot, et mes émotions encore à fleur de peau. Il n'y a pas encore de zone de lumière entre les deux. Peut-être que la dépression que je redoutais depuis quelques mois est en train de faire lentement son nid. Dans ce cas, il y a signe qui ne trompe pas chez moi : je perds complètement le sens de l'humour, et l'envie même de faire rire autour de moi...
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